Ambroisie à feuilles d’armoise et Ambroisie trifide : la situation en Ariège
Ces 2 espèces sont suivies depuis 2015 par l’Ana-Conservatoire d’espaces naturels Ariège, au nord et à l’est du département. Des prospections sont menées chaque année, de juillet à octobre, en parcourant le territoire à pied et en notant chaque station avec de l’ambroisie. Selon les endroits, une station peut contenir quelques pieds ou des milliers. 189 stations ont été ainsi repérées, dont 78 avec de l’Ambroisie à feuilles d’armoise et 111 avec de l’Ambroisie trifide.
Si la première espèce a été observée dans différents milieux (bords de rivière, de route, dans des gravières, dans des cultures…), l’ambroisie trifide n’a été observée qu’en contexte agricole (et en bord de route le long des cultures). Les analyses des données de stations d’ambroisie trifide (2018) montrent que le milieu agricole est largement impacté.
Communiqué de presse – 24 janvier 2019
Pour la première fois, le risque de disparition de l’ensemble de la flore vasculaire de France métropolitaine a été évalué, grâce à une collaboration associant le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN France), la Fédération et le réseau des Conservatoires botaniques nationaux, l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Les 4 982 espèces de plantes indigènes recensées sur le territoire ont fait l’objet d’un examen approfondi, conduisant à la parution d’un nouveau chapitre de la Liste rouge des espèces menacées en France. Les résultats montrent que 15 % des espèces encourent un risque de disparition, soit 742 espèces de plantes classées menacées ou quasi menacées.
Les plantes vasculaires correspondent à un groupe qui rassemble l’ensemble des plantes à fleurs, des fougères et des conifères, soit près de 5 000 espèces indigènes recensées en France métropolitaine. L’analyse fine des menaces pour ce groupe extrêmement riche et diversifié a requis plus de trois ans de travaux, la synthèse de près de trente millions de données floristiques rassemblées par les Conservatoires botaniques et la mobilisation d’une quarantaine de botanistes experts. La base scientifique inédite que constitue ce chapitre de la Liste rouge nationale aidera à réorienter les priorités et à poursuivre les stratégies de préservation de la biodiversité à l’échelle nationale comme à l’échelle locale. Toutefois, le manque de connaissances et de données fiables n’a pas permis d’évaluer le niveau de menace de 373 espèces (7 % du total). Parmi elles, certaines pourraient venir augmenter le nombre des espèces menacées.
Les activités humaines au cœur des menaces qui pèsent sur la flore
Les analyses menées dans le cadre de ce chapitre de la Liste rouge ont permis de faire émerger les menaces qui pèsent sur la flore. Parmi celles-ci, on trouve principalement la modification des habitats naturels, l’urbanisation croissante et l’artificialisation des terres, ainsi que l’intensification ou l’abandon de certaines pratiques agricoles. Ces pressions exercées sur les plantes et leurs habitats sont rarement isolées, elles s’additionnent et conduisent, dans un effet de synergie, au constat actuel : 421 espèces se révèlent menacées et 321 autres quasi menacées.
Ainsi, la disparition des zones humides, drainées et asséchées pour l’agriculture ou la construction de nouvelles zones urbaines, menace directement un certain nombre de plantes parmi lesquelles le Panicaut vivipare (classé En danger critique) ou la Salicaire faux-thésium (En danger). L’artificialisation des berges et la canalisation des cours d’eau ont également un impact sur la viabilité de nombreux habitats mettant en péril nombre d’espèces, à l’image du Séneçon des cours d’eau (En danger).
L’abandon progressif du pastoralisme, les changements de pratiques agricoles et l’extension des zones urbaines entraînent la régression des espaces pâturés et avec eux un risque de disparition pour des espèces comme la Spiranthe d’été et le Bouleau nain (toutes deux classées Vulnérables) ou l’Alsine sétacée (En danger). Les espèces dites “messicoles”, qui accompagnent les moissons depuis les débuts de l’agriculture, comme la Nigelle des champs (En danger critique) ou la Turgénie à larges feuilles (En danger), sont aujourd’hui fortement affectées par l’intensification agricole et par l’usage excessif d’herbicides non spécifiques.
S’il est à craindre que les changements climatiques mettent en péril un certain nombre d’espèces (en particulier celles qui ont des populations réduites ou une faible aire de répartition, en zone d’altitude notamment), leurs effets sur la végétation sont encore mal connus à des échelles plus locales et de nombreuses études sont en cours pour mieux les anticiper.
Un véritable enjeu pour les humains et les écosystèmes
Le monde végétal est au cœur du fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils nous rendent. C’est de lui que nous tirons de quoi nous nourrir, nous vêtir, nous abriter et nous soigner. À moyen ou long terme, l’érosion croissante de la diversité floristique affecte donc nécessairement notre économie, notre alimentation, notre santé et plus largement notre bien-être. À travers sa diversité et ses variations, la flore crée aussi l’identité et la variété des paysages, elle est ainsi une source d’émerveillement et de richesse pour nos territoires.
Il est encore possible d’agir !
En dépit de cette situation préoccupante, de nombreuses actions d’amélioration des connaissances et de conservation sont mises en œuvre en France en faveur des espèces et des habitats les plus menacés. De nombreux acteurs, parmi lesquels les Conservatoires botaniques nationaux, se mobilisent sur le terrain. Plusieurs espèces comme la Saxifrage œil-de-bouc et le Panicaut vivipare font l’objet de Plans nationaux d’actions. Des sites naturels abritant des plantes menacées comme la Renoncule à fleurs latérales, le Séneçon des cours d’eau ou la Benoîte à fruits divers bénéficient de mesures de gestion et de protection. Le développement de banques de semences et la mise en culture de plants contribuent à la conservation des espèces les plus menacées, comme la très rare Saxifrage de Gizia.
À l’avenir, la poursuite et le renforcement de ces actions apparaissent essentiels pour éviter la disparition des espèces les plus menacées de la flore et sauvegarder le patrimoine floristique exceptionnel de l’Hexagone. Pour assurer leur succès, ces actions devront s’accompagner d’une prise de conscience de chacun et d’une évolution profonde des pratiques de notre société. C’est tout le défi que souhaitent relever les partenaires de la Liste rouge, avec une étape majeure attendue en 2020, année du Congrès mondial de la nature et de la prochaine COP Biodiversité. Au cours du prochain semestre, les Conservatoires botaniques y contribueront en organisant notamment plusieurs actions de communication et de sensibilisation auprès d’un large public : diffusion de vidéos et chiffres clés sur les réseaux sociaux, appel à engagement des citoyens, exposition itinérante, visites de terrain et accueil du public jusqu’à la mi-juin.
Publication et résultats détaillés disponibles sur :
www.uicn.fr/liste-rouge-flore www.fcbn.fr inpn.mnhn.fr/actualites/lire/9541
Contacts :
Comité français de l’UICN Florian Kirchner Chargé de programme espèces 01 44 05 73 58 / 06 89 29 72 89
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Fédération des conservatoires botaniques nationaux
Alexandre Reteau Relations presse 05 62 95 82 75 |
Agence française
pour la biodiversité Esther Lembléte Agence Wellcom 01 46 34 15 64 |
Muséum national d’Histoire naturelle
Samya Ramdane Relations presse 01 40 79 54 40
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La Pyrale du buis (Cydalima perspectalis) est un papillon nocturne d’origine asiatique. Elle a été introduite accidentellement en Allemagne puis a colonisé l’Europe. Ses chenilles se nourrissent des feuilles et de l’écorce verte des buis. En Asie, elle s’attaque parfois à des espèces de fusain et de houx. Ces espèces ne se retrouvent pas chez nous, donc pas d’inquiétude, la pyrale du buis n’attaque, en Europe, que le buis. Cette espèce se développe grâce à 3-4 générations de papillons dans l’année (plusieurs cycles papillons adultes-œufs-chenilles). Lire la suite
La présente liste recense l’ensemble des espèces d’oiseaux sauvages observées dans le département de l’Ariège au 1er juillet 2017.
Cette liste s’appuie sur les informations collectées dans les différentes bases de données couvrant tout ou partie du territoire de l’Ariège (SICEN – Association des Naturalistes de l’Ariège, BAZNAT – Nature Midi Pyrénées, BBD – Amis du Domaine des Oiseaux) ainsi que sur les données historiques disponibles dans différents ouvrages.
Réalisée sur le modèle de la dernière Liste des Oiseaux du Paléarctique occidental (Commission de l’Avifaune Française, 2011), cette liste reprend donc les catégories A, B, C, D et E (voir signification de chacune de ces catégories) adaptées à l’Ariège, ainsi que les statuts nicheur, migrateur et hivernant pour la même échelle géographique. Seules les espèces des catégories A, B et C font partie de la liste officielle des oiseaux d’Ariège.
Les sous-espèces apparaissant dans cette liste sont annotées d’un astérisque et présentées sous forme trinominale, exemple : Bergeronnette de Yarrell * Motacilla alba yarrelli.
Au total, la liste de l’avifaune ariègeoise comporte aujourd’hui 305 espèces.
Etienne COLLIAT & Sylvain REYT
Association des Naturalistes de l’Ariège
Les papillons de zones humides sont, pour la plupart, particulièrement menacés en France. Certains, comme le Cuivré et le Nacré de la bistorte, le Mélibée, le Solitaire, etc. ont migré du nord de l’Europe à nos tourbières lors des dernières glaciations. A la fin de l’ère glaciaire, des populations reliques sont restées dans les régions où les conditions leur permettaient de survivre (les massifs montagneux et les régions aux latitudes comparables à celles des pays slaves).
Depuis bientôt 20 ans, un travail de connaissance sur la répartition du Cuivré et du Nacré de la Bistorte dans le Donezan (09) a été initié par Graham Hart, entomologiste ariègeois.
Le Donezan, véritable “Québec ariègeois” avec sa grande forêt, ses lacs et eaux courantes, est un pays où la déprise agricole a eu un impact très important. Lorsque les hommes et les troupeaux ont déserté la montagne, laissant de grandes étendues herbeuses derrière eux, la forêt, progressivement, s’est installée.
A l’endroit où jadis une vaste tourbière ouverte accueillait des centaines de Cuivrés et Nacrés, aujourd’hui se trouve un enchevêtrement de saules, bouleaux et résineux où les populations de papillons ne subsistent que grâce à quelques individus.
Dans ce contexte particulier, l’Association des Naturalistes de l’Ariège a relancé en 2009 la mise en place d’actions de connaissance et de conservation de certains papillons de zones humides et de leur habitat. Une première phase (2009-2011) a permis de constater le déclin des espèces étudiées par Graham Hart dans les années 90. A la suite de ce premier constat et de l’urgence de la situation, nous avons eu la possibilité via la sélection de notre candidature à l’appel à projets de 2011 “Restauration de milieux remarquables ou sensibles” de mettre en place un programme de restauration des zones humides du Donezan en faveur de ces papillons menacés. Le présent rapport expose le bilan des actions menées dans ce cadre entre 2012 et 2014, les problèmes rencontrés et la suite que nous aimerions donner à ce projet dans une perspective de conservation d’espaces naturels et de développement durable.
Le rapport final est disponible en PDF ici.
Le Nacré de la Bistorte (Boloria eunomia)
B. eunomia est une espèce de papillon spécialiste à distribution très fragmentée dans la partie sud de son aire de répartition.
Dans cette région, il est localisé dans les prairies humides non fertilisées, les marais tourbeux et les mégaphorbiaies où la Renouée bistorte (P. bistorta) est bien dévelopée (Goffart & al., 1994; Nèves & al., 1996).
Les adultes volent de Mai à Juillet en une seule génération et montrent une certaine protandrie (Schtickzelle & al., 2002). Les femelles recherchent activement les touradons de certaines graminées (Deschampsia cespitosa L., Molinia caerulea L.) pour pondre en déposant des petits groupes d’oeufs sur ou sous les feuilles de la Renouée bistorte (Tulure & al., 2009). Les chenilles utilisent les tiges de ces graminées pour s’exposer et se réchauffer (Goffart & al., 1994). Leur survie ne dépend donc pas uniquement de la présence de leur plante hôte mais elle est également déterminée par cette structure de la végétation.
En s’appuyant sur l’observation des émergences, Tulure C. & al. (2009) ont défini la qualité de l’habitat basée sur les ressources pour B. eunomia comme la présence de touradons de graminées avec une forte densité de plante-hôte. Le taux de recouvrement de cette dernière semble un facteur déterminant pour la présence des larves et des adultes. Cependant, cette espèce semble également apprécier les mégaphorbiaies et les prairies humides abandonnées.
Le Cuivré de la bistorte (Lycaena helle)
L. helle colonise les habitats marécageux. De nos jours, par manque de tels habitats naturels, il peuple également des habitats anthropogéniques, en particuliers les prairies humides abandonnées.
Il a été démontré que la présence d’arbustes et/ou d’arbres est indispensable à la présence de L. helle sur les sites favorables. En effet, ces structures arborées lui offrent des abris nécessaires lorsque les conditions climatiques sont défavorables (en particuliers contre le vent) et permettraient ainsi un « état actif » du papillon (lors de la nutrition, de l’accouplement et des pontes) plus long et plus efficace (Skorka & al. 2006).
De plus, les mâles présentent un comportement territorial très marqués (Fischer & al., 1999 ; Graham Hart, 1996). Il utilise les branches des arbustes, arbres et grandes graminées comme perchoir depuis lequel ils défendent leur territoire de rencontre. Les structures arbustives et arborées serviraient également de dortoir aux papillons le soir venu.
La structure de la végétation en touradons semble également favorable à L. helle : Graham Hart suggère dans sa thèse (Graham E. Hart, 1996) que les feuilles de bistorte émergentes de ses structures seraient préférentiellement choisies par les femelles comme sites de ponte. En revanche, ce facteur serait moins déterminant pour le taux d’émergences de L. helle que pour celui de B. eunomia (Tulure & al., 2009). La qualité de l’habitat basée sur les ressources pour L. helle correspond donc à des prairies humides avec une forte abondance de la bistorte, bien exposée à l’ensoleillement (importante thermorégulation), offrant des abris par la présence d’arbustes et/ou de lisières forestières, et assurant une certaine disponibilité et diversité des ressources en nectar (jusqu’à 25 plantes nectarifères différentes dans les Ardennes) (Fischer & al., 1999 ; Bauerfeind & al., 2008).
Le rapport final est disponible en PDF ici.