Compte-rendu de la sortie « De la roche naturelle à la roche bâtie » (16 octobre 2021)

ParAmbre Luczynski

Compte-rendu de la sortie « De la roche naturelle à la roche bâtie » (16 octobre 2021)

Pour la première fois dans l’histoire de l’ANA-CEN Ariège, l’emblématique sortie géologie animée par Isabelle Corbières a été couplée à une visite historique menée par la guide-conférencière Mélanie Saves. La météo et la bonne humeur étaient au rendez-vous pour un voyage dans le temps riche en explications scientifiques et en anecdotes.

Notre « pèlerinage » a débuté aux Cabannes où l’ensemble du groupe s’est retrouvé avant de partir en direction de Verdun pour le premier arrêt de la journée. Le thème du jour était la présentation (en partie) de la formation géologique des Pyrénées tout en mettant en parallèle l’utilisation des roches dans l’architecture locale, plus précisément dans la construction des églises romanes que l’on trouve dans la vallée de l’Ariège.

Premiers éléments scientifiques : d’un point de vue géologique, le village de Verdun est construit sur un cône de déjection, c’est-à-dire sur l’accumulation des sédiments emportés lors des crues successives provoquées ici par la rivière de Moulines. Le village se situe sur la faille nord pyrénéenne (FNP) entre les calcaires du Quié de Sinsat au nord et les granites et gneiss au sud.

Par conséquent, ces pierres sont utilisées dans la construction de l’église qui a subi plusieurs remaniements principalement à cause de la destruction de certaines de ses parties lors de crues, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus.

On notera notamment l’emploi du gneiss (à gauche) et du granite (à droite) en majeure partie, ainsi que l’utilisation de blocs arrondis provenant du charriage de matériaux du glacier (ou moraine) de l’Ariège qui s’étendait du Pas de la Case à Labarre jusqu’entre 35 000 et 18 000 ans, ainsi que la présence d’une ophite, plutôt rare ici.

Architecturalement, l’église, dédiée à Saint Blaise, est semblable au plan de Saint-Sernin de Toulouse. On y retrouve l’influence du nord de l’Italie, en passant par la Catalogne, à travers la frise de lombardes présente sur l’abside et les absidioles, élément décoratif caractéristique de l’art roman.

Après de nombreux événements géologiques rencontrés sur notre passage (pegmatite, brèche, cataclase, écailles tectoniques), nous arrivons au village d’Axiat pour le déjeuner, rejoints par Mélanie qui, par une rapide introduction historique, nous amène au propos de la sortie : la constitution du territoire en paroisse et l’implantation d’églises romanes à partir du XIe siècle.

Contrairement à l’église de Verdun, le plan de l’église d’Axiat n’est pas de style pyrénéen mais hérite de l’influence de l’abbaye de Cluny. Ici, le clocher est caractéristique des Pyrénées avec ses baies géminées et son plan carré, où très tôt il était indépendant de l’église (campanile) puis, il finit par être intégré au bâtiment au cours du XIe siècle. L’église, dédiée à deux saints orientaux Saint Julien et Sainte Basilisse, a brûlé au début du XXe siècle. C’est pourquoi toute la partie ouest a été reconstruite alors que le transept et le chevet sont principalement composés de tuf sédimentaire (formé par l’écoulement lent de calcite recouvrant notamment la végétation qui, lors de sa décomposition laisse apparaître des vacuoles dans la roche) pour les murs et le clocher et de blocs de calcaire pour l’assise que l’on retrouve en partie dans les murs.

Nous terminons notre journée à Unac. L’église érigée au XIIe siècle est dédiée à Saint Martin. Il s’agissait d’un prieuré rattaché à l’abbatiale Saint-Volusien de Foix.

Le clocher de style andorran comporte 3 rangées de baies géminées surmontées d’une pendule restaurée au XIXe siècle. L’encadrement extérieur des vitraux se compose d’un motif de damier sculpté, très prisé à l’époque romane, sous lequel apparaît une frise en pointe de diamants. Une partie de la frise a été restaurée récemment ainsi que les colonnes de part et d’autre du vitrail. L’église est ici aussi principalement construite en tuf et calcaire.

Ces églises présentent d’autres détails à découvrir à l’extérieur comme à l’intérieur, n’hésitez pas à aller les visiter.

Voilà pour le résumé (très !) synthétique d’une journée extrêmement riche en découvertes et animée par deux spécialistes qui savent captiver un public curieux et passionné. Merci à Isabelle et à Mélanie de transmettre leur savoir avec autant d’entrain et rendez-vous l’été prochain pour de nouvelles aventures autour des pierres !

Pour plus d’infos sur le vocabulaire architectural des églises, cliquez ici.

Pour visiter les églises citées : se renseigner auprès des mairies respectives pour connaître les jours et heures d’ouverture.

Pauline Gaubert

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Ambre Luczynski editor