Nous étions 9 participant·es à braver la météo pour cette sortie sportive animée par Olivier Buisson à l’Étang Bleu sur la commune de Rabat-les-Trois-Seigneurs. Avec un départ dans le brouillard et une température tempérée, la journée s’annonçait favorable à une rencontre avec des serpents.
Le premier arrêt « faune » nous a menés à la rencontre d’un impressionnant crapaud épineux (Bufo spinosus) femelle à l’orée du bois. Cet amphibien récemment élevé au rang d’espèce sur la base d’analyses génétiques se reconnaît à sa pupille horizontale cernée d’un iris orange ou rouge. Sa peau est capable de sécréter du venin pour se défendre des prédateurs.
La montée à travers la forêt nous conduit à reconnaître plusieurs fougères, parnassie des marais, caltha des marais et autres plantes des milieux humides pyrénéens. En même temps, nous scrutons le fond du ruisseau présent tout le long du sentier à la recherche du calotriton des Pyrénées (Calotriton asper). Cet amphibien endémique était auparavant rattaché au genre Euproctes. Présent dans toute la chaîne pyrénéenne, il apprécie les ruisseaux de montagne où le courant est faible et où les poissons sont rares ou absents. L’accouplement se fait par amplexus, la femelle pond ses œufs sous les pierres. Le calotriton connaît une phase terrestre entre le stade larvaire et l’âge adulte. Les jeunes ont une bande jaune sur le dos qui peut perdurer à l’âge adulte, mais si l’on n’y prend pas garde, il se camoufle parfaitement dans son milieu naturel. Une fois le premier calotriton observé, nous observons plusieurs autres individus « in situ ».
Le long de la montée abrupte, nous faisons quelques arrêts pour reprendre notre souffle et observer plusieurs plantes présentes sur les sols acides qui composent le terrain sur lequel nous marchons : en dehors des traditionnels rhododendrons et myrtilliers, saxifrages, grassettes et aconit tue-loup retiennent, entre autres, notre attention.
Notre ascension nous mène d’abord à une vasque du ruisseau où l’on trouve des larves de perles, petits insectes vivant au bord des cours d’eau. Les larves se développent en milieu aquatique, leur corps plat leur permet de se coller sous les pierres afin de ne pas être emportées par le courant. Elles cohabitent ici avec des larves d’éphémères que l’on distingue par le nombre de cerques (2 pour les perles, 3 pour les éphémères). Puis, nous arrivons à une tourbière, milieu riche en biodiversité, caractérisée ici par la présence de sphaignes qui, en se décomposant, forme la tourbe riche en matières organiques. Sur les bords sont présents grassettes et droseras, deux plantes carnivores emblématiques de ce milieu. Malheureusement, les conditions climatiques ne nous permettent pas d’observer les libellules que l’on pourrait trouver ici, en particulier la rare Leucorrhine douteuse.
Nous arrivons finalement à l’étang Long qui sera le lieu de notre pause-déjeuner dans une atmosphère automnale. Les abords du lac nous présentent une belle exuvie de libellule et nous laisse voir notre première grenouille rousse qui file rapidement se cacher.
Une brève éclaircie à point nommé nous ramène en été pour apercevoir le Pic de Peyroutet surmonté par quatre vautours fauves. Le temps également de surprendre un lézard vivipare (Zootoca vivipara) sur son rocher. Ce lézard, de couleur variable, se caractérise par des bandes latérales le long du corps. Nous apprenons que cette espèce tire son nom du fait que les femelles donnent naissance à des petits entièrement formés. Il est donc vivipare. Par contre la population des Pyrénées se distingue par son oviparité, c’est-à-dire que les femelles pondent des œufs. Il s’agit donc d’un « lézard vivipare ovipare » !!
Alors que la température semble se réchauffer, nous amorçons la descente avec toujours espoir de « tomber » sur un serpent. Il n’y aura pas d’autres éclaircies, mais lors d’un arrêt à une source, nous croisons la route d’une grenouille rousse (Rana temporaria), qui cette fois, ne nous échappe pas. Très semblable à la grenouille agile (Rana dalmatina) qui elle aussi a un masque derrière les yeux, elle s’en distingue par plusieurs caractéristiques dont son museau anguleux, son iris cerclé d’or, son ventre souvent tacheté. Aucune de ces caractéristiques prise séparément ne permet malheureusement de distinguer les deux espèces.
Nous quittons la pelouse, dernière chance de trouver un serpent parmi les cailloux dispersés pour retrouver la forêt.Plantes et champignons de toutes couleurs peuplent les bords du sentier. Au milieu de la végétation aux multiples nuances de vert se dresse un bel œillet des poètes (Dianthus barbatus).
Nous quittons finalement la forêt à l’ambiance enchanteresse pour terminer cette belle journée (humainement parlant plus que météorologiquement parlant).
Merci à Olivier d’avoir partagé ses connaissances et à tou·tes les participant·es pour leurs contributions à cette journée (botanistes, mycologues, naturalistes en herbe et en devenir).
Pauline Gaubert
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