Nous sommes guidés par Thomas, de l’ANA-CEN Ariège, qui nous propose la visite de la grotte du Pas
du Portel. Cette grotte est fréquentée par des colonies de chauves-souris.
Plus tard, il faudra certainement réglementer les prélèvements de guano comme on le fait déjà pour les fouilles
archéologiques, afin de protéger les sites à haute valeur environnementale.
Avec l’avancée des sciences, de nouvelles méthodes de datations ont été utilisées sur des échantillons prélevés
dans le milieu souterrain, notamment les datations cosmogéniques sur les sédiments enfouis et la méthode
radiométrique par l’uranium-thorium sur les spéléothèmes des grottes. Ainsi, on a vu des scientifiques
totalement étrangers au milieu investir les grottes et prélever des éléments de la caverne sans tenir compte du
contexte karstologique. Ces intervenants « extérieurs » n’avaient aucune idée du milieu spécifique dans lequel
leurs prélèvements avaient été effectués. C’est bien cela qui menace les tas de guano séculaires, voire
millénaires. De ce point de vue, les chiroptérologues ont devancé tous les autres en préservant l’animal, la
chauve-souris, à l’origine des archives environnementales. Il faudra donc un avocat pour défendre et
réglementer les prélèvements dans les tas de guano, si on ne veut pas les voir disparaître d’un coup dans une
ruée scientifique incontrôlée. Les écologistes ont une longueur d’avance sur la conservation des archives ; on
leur doit un chapitre de l’Histoire du guano : « De l’intérêt des bébêtologues dans la préservation des données
environnementales. »
Malgré sa relative jeunesse d’un point vue spéléogénique, on trouve dans la grotte des
remplissages scellés par des coulées de calcite, ainsi que des grands gours incisés par la rivière (fig. 4).
Au détour d’une galerie, un imposant tas de guano a été miraculeusement conservé (fig. 5 & 6). Il s’agit d’une
mine d’informations peu accessible. Ce tas de guano, situé dans les plafonds de la grotte, a été préservé du
piétinement et des crues de la rivière souterraine. Certes, il est intact, mais on aperçoit des traces verticales qui
pourraient être dues à des chutes de pierres.
Nous n’avons pas encore vu beaucoup de rivières souterraines peuplées de chauves-souris, pourtant Thomas
précise qu’il peut s’agit d’un choix judicieux qui vise à se mettre à l’abri des prédateurs.
Plus loin, on trouve quelques ressauts et bien sûr un siphon qui marque le terminus de la visite ( fig. 8). Dans
les vasques et entre les brindilles, on trouve toutes sortes d’animaux emportés par le courant, mais on
n’aperçoit aucune bestiole inféodée au milieu souterrain.
Laurent Bruxelles, Élodie Dardenne, Gregory Dandurand, Céline Pallier, Thomas Cuypers & Jean-Yves Bigot
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