Espèces patrimoniales : Amélioration de la connaissance en Ariège du Nacré de la Bistorte (Boloria eunomia) et du Cuivré de la Bistorte (Lycaena helle)

ParJulien Vergne

Espèces patrimoniales : Amélioration de la connaissance en Ariège du Nacré de la Bistorte (Boloria eunomia) et du Cuivré de la Bistorte (Lycaena helle)

Le Nacré de la Bistorte (Boloria eunomia)

B. eunomia est une espèce de papillon spécialiste à distribution très fragmentée dans la partie sud de son aire de répartition.

Dans cette région, il est localisé dans les prairies humides non fertilisées, les marais tourbeux et les mégaphorbiaies où la Renouée bistorte (P. bistorta)  est bien dévelopée (Goffart & al., 1994; Nèves & al., 1996).
Les adultes volent de Mai à Juillet en une seule génération et montrent une certaine protandrie (Schtickzelle & al., 2002). Les femelles recherchent activement les touradons de certaines graminées (Deschampsia cespitosa L., Molinia caerulea L.) pour pondre en déposant des petits groupes d’oeufs sur ou sous les feuilles de la Renouée bistorte (Tulure & al., 2009). Les chenilles utilisent les tiges de ces graminées pour s’exposer et se réchauffer (Goffart & al., 1994). Leur survie ne dépend donc pas uniquement de la présence de leur plante hôte mais elle est également déterminée par cette structure de la végétation.
En s’appuyant sur l’observation des émergences, Tulure C. & al. (2009) ont défini la qualité de l’habitat basée sur les ressources pour B. eunomia comme la présence de touradons de graminées avec une forte densité de plante-hôte. Le taux de recouvrement de cette dernière semble un facteur déterminant pour la présence des larves et des adultes. Cependant, cette espèce semble également apprécier les mégaphorbiaies et les prairies humides abandonnées.

Le Cuivré de la bistorte (Lycaena helle)

L. helle colonise les habitats marécageux. De nos jours, par manque de tels habitats naturels, il peuple également des habitats anthropogéniques, en particuliers les prairies humides abandonnées. 
Il a été démontré que la présence d’arbustes et/ou d’arbres est indispensable à la présence de L. helle sur les sites favorables. En effet, ces structures arborées lui offrent des abris nécessaires lorsque les conditions climatiques sont défavorables (en particuliers contre le vent) et permettraient ainsi un « état actif » du papillon (lors de la nutrition, de l’accouplement et des pontes) plus long et plus efficace (Skorka & al. 2006).
De plus, les mâles présentent un comportement territorial très marqués (Fischer & al., 1999 ; Graham Hart, 1996). Il utilise les branches des arbustes, arbres et grandes graminées comme perchoir depuis lequel ils défendent leur territoire de rencontre. Les structures arbustives et arborées serviraient également de dortoir aux papillons le soir venu.
La structure de la végétation en touradons semble également favorable à L. helle : Graham Hart suggère dans sa thèse (Graham E. Hart, 1996) que les feuilles de bistorte émergentes de ses structures seraient préférentiellement choisies par les femelles comme sites de ponte. En revanche, ce facteur serait moins déterminant pour le taux d’émergences de L. helle que pour celui de B. eunomia (Tulure & al., 2009). La qualité de l’habitat basée sur les ressources pour L. helle correspond donc à des prairies humides avec une forte abondance de la bistorte, bien exposée à l’ensoleillement (importante thermorégulation), offrant des abris par la présence d’arbustes et/ou de lisières forestières, et assurant une certaine disponibilité et diversité des ressources en nectar (jusqu’à 25 plantes nectarifères différentes dans les Ardennes) (Fischer & al., 1999 ; Bauerfeind & al., 2008).

Le rapport final est disponible en PDF ici.

À propos de l’auteur

Julien Vergne subscriber

Médiateur scientifique Référent Formations Coordinateur Sports de nature et Environnement