Protéger les Grand Tétras et de Lagopèdes du massif du Saint Barthélémy

ParAmbre Luczynski

Protéger les Grand Tétras et de Lagopèdes du massif du Saint Barthélémy

Lagopède alpin_BB

La réserve naturelle régionale du massif du Saint Barthélémy abrite des populations de Lagopède des Pyrénées ou Perdrix des neiges, et de Grand Tétras ou Coq de bruyère. Ces deux espèces très sensibles au dérangement sont actuellement fragilisées pour diverses raisons. Les gestionnaires de la réserve naturelle ont la responsabilité de les préserver au mieux.

Préserver l’unique population de Lagopèdes du massif de Saint Barthélémy

Cette authentique relique de l’époque glaciaire parfaitement adaptée au froid est sédentaire et vit au-dessus de 2000 mètres d’altitude toute l’année. Dans le massif du Saint Barthélémy, cet habitat est présent vers les sommets sur une surface très restreinte, autour du Pic du Saint-Barthélémy. Le petit groupe de lagopèdes qui y subsiste est isolé de plus de 20 kilomètres des plus proches populations, une réelle contrainte pour cet oiseau sédentaire aux capacités de vol limitées.

Plusieurs facteurs menacent aujourd’hui les lagopèdes :

– L’augmentation de la fréquentation par les randonneurs en hiver le pousse à fuir davantage et donc à s’exposer aux prédateurs (rapaces), tandis que sa stratégie de survie est basée sur le fait de rester caché grâce à son mimétisme (son plumage devient blanc en hiver). Ce dérangement a également un impact non négligeable sur son énergie à une période où les ressources alimentaires sont limitées. Le Lagopède a besoin de cette énergie pour se reproduire.

– Parfaitement adapté au camouflage dans la neige avec son plumage blanc en hiver, le lagopède devient très visible par manque de neige (tâche blanche sur l’herbe ou les rochers sombres…). Avec les hivers de moins en moins enneigés actuellment, il devient facilement repérable par les prédateurs.  

– Sa nidification peut se trouver également impactée par le dérangement. L’oiseau niche au sol, et les poussins sont donc très vulnérables de début mai jusqu’à leur émancipation durant l’été.

La répétition des dérangements peut pousser les individus à quitter le site et ainsi faire échouer la reproduction.

Une zone garantissant la quiétude de cette espèce a donc été installée sur le versant nord et la crête du pic de Saint Barthélémy. Le sommet reste autorisé depuis les Monts d’Olmes mais pas au-delà sur de décembre jusqu’au déneigement printanier. Au printemps, les sentiers balisés restent bien évidemment autorisés.

Panneau_RNR

Protection pour le Grand Tétras

Les menaces concernant cet oiseau emblématique des forêts de montagne sont nombreuses à l’échelle nationale et pyrénéenne. Son habitat est dégradé par les activités et aménagements humains. L’augmentation de la fréquentation de la montagne en toutes saisons provoque du dérangement, parfois jusqu’à l’abandon des sites favorables. L’hiver est une période particulièrement sensible au vu des contraintes du froid et des ressources alimentaires limitées. Si l’oiseau est dérangé lors de sa recherche de nourriture, il risque de ne pas s’alimenter.  La reproduction puis l’élevage des jeunes au printemps dépendent également de cette tranquillité.

Pour ces raisons, une zone de quiétude balisée a été installée dans les forêts à proximité du refuge de Pratmau.

Mise en place de zone de quiétude_RNR

Les gestionnaires de la réserve naturelle régionale du massif du Saint Barthélémy (commune de Montségur et Ana – Conservatoire d’Espaces Naturels d’Ariège) sont conscients que la mise en place ces zones de quiétude représente une contrainte pour les pratiques de loisirs sur le site. La fréquentation est en augmentation forte cet hiver dans le contexte de fermeture des stations de ski, et incite à une vigilance renforcée du point de vue des risques de dérangement sur ces espèces.

On entendra toujours dire que « des oiseaux y en a ! », et que « on ne peut plus rien faire, même en montagne !».   Cependant, au regard des enjeux actuels sur ces deux espèces, il est de notre responsabilité de mettre en place ces zones de quiétude pour assurer la protection de ces espèces emblématiques des Pyrénées. Nous remercions les usagers de la montagne pour leur compréhension et leur contribution pour préserver la biodiversité des derniers écrins sauvages de nos chères Pyrénées.

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Ambre Luczynski editor